Cycle 1 - Habitat
Comment habiter Bruxelles pour faire face aux défis climatiques d'ici 2050 ?
PORTRAITS DE L'ASSEMBLÉE
Colette
« A 66 ans, il est temps de me demander mon avis ! »
© Bryapro Photography
Colette est une femme dynamique de 66 ans. Un large et malicieux sourire éclaire le visage de cette femme qui a beaucoup bougé dans sa vie. Née à Nivelles dans le Brabant wallon, Colette a passé sa petite enfance en France, au Congo puis à Bruxelles qu’elle quitte à 36 ans pour s’installer avec son mari à Grimbergen, dans le Brabant flamand. Une ville plus abordable pour y acheter une maison et voir grandir ses deux filles.
A 62 ans, elle décide de revenir dans la ville de son enfance : « j’ai connu Bruxelles en 1964, c’était tout à fait une autre ville ! On y ‘descendait’, on faisait tout à pied, à vélo ou en patins à roulettes ». Pourquoi a-t-elle accepté de participer à l’Assemblée citoyenne pour le climat ? « J’ai toujours rêvé d’être appelée dans le cadre d’un procès par exemple. A 66 ans, je trouve qu’il est temps de me demander mon avis ! ».
Colette vit dans la commune de Woluwe-Saint-Lambert et travaille bénévolement deux fois par semaine dans une maison de repos. Que pense-t-elle du sujet de l’habitat et du climat ? « J’ai été élevée par des parents qui ont connu la guerre, j’ai toujours été économe. Le mot « écologie » ne me dit rien, pour moi, c’est du bon sens : s’il fait froid, je mets deux pulls. Je ne vais dans les magasins qu'en fonction de mes besoins et non par plaisir de faire du lèche-vitrine ». « Je ne suis pas dans la surconsommation, mais plutôt l’inverse ». Elle voudrait porter la voix des « démunis » pendant les travaux.
Bruxelles, c’est la facilité d’accès à la culture, à l’art, au cosmopolitisme et pourtant, Colette a l’impression qu’il « faut toujours faire attention dans la rue » et regrette « le non-respect des règles en collectivité ». Elle remarque le manque de séniors (les plus de 60 ans) dans cette Assemblée. Un constat qui ne l’étonne pas tant que ça. Pour elle, Bruxelles est devenue une ville vide le dimanche, moins familiale. Elle est, certes, peu accessible aux personnes à mobilité réduite, comme l’on fait remarquer les autres participantes et participants, mais pas plus pour les séniors « qu’on oublie et qui ont été bannis de la ville ». Car oui dit-elle en riant, « les jeunes ont le droit de sortir et de s’amuser, mais les séniors aussi ! ».
Maarten
« Vivre la diversité culturelle, c’est vivre la ville sans se fermer »
© Bryapro Photography
Marteen a 31 ans et habite depuis 6 ans la commune de Saint-Gilles. Originaire de Bruges, Maarten est un artiste du spectacle vivant. Performer, acteur, metteur en scène de théâtre… son caractère est celui d’un « goutteur à tout » comme il aime à se définir : « je ne fais jamais deux fois les mêmes choses ».
Comment a-t-il été recruté ? La lettre envoyée aux 10 000 Bruxelloises et Bruxellois a atterri dans la boîte aux lettres de sa maison qui comprend 3 appartements. Ses voisins, peu intéressés, lui ont passé la lettre… et le voilà embarqué pour 5 sessions de travail. « Ça fait des années qu’on dit que la démocratie participative va sauver la démocratie. Alors, je suis curieux de voir comment et si ce système peut fonctionner ».
Faire preuve de curiosité, c’est une constante chez Maarten. Un trait de caractère qui va de pair avec une certaine exigence. Il a accepté de participer à la démarche, mais « tu dois avoir le sentiment que tu peux ajouter une dimension de plus ». Pas question donc de suivre passivement les travaux. Son déclic : la découverte du documentaire d’Al Gore « An inconvenient truth » (Une vérité qui dérange) à l’âge de 15 ans à l’école et le sentiment que depuis, pas grand-chose ne bouge.
Maarten côtoie la diversité culturelle – un élément de fierté pour l’ensemble des participantes et participants – tous les jours : « quand tu vis dans cette ville sans te fermer, tu as accès très facilement à cette diversité culturelle ». C’est d’ailleurs pour cette particularité qu’il a quitté sa « province ». Bruges n’offrait pas le cursus universitaire qu’il voulait ; il tente sa chance à Bruxelles, échoue (trop jeune pour faire une école de metteur en scène), part à Anvers 5 ans et revient dans la capitale belge « le meilleur endroit pour le spectacle et les arts vivant, la Mecque culturelle du monde ! »
Il réfléchit un peu pour décrire l’aspect négatif de la ville. « Bruxelles ne parvient pas à te donner l’illusion que le mal n’existe pas dans le monde ». Mais contrairement à d’autres, cette ville ne cache pas sa misère et ses inégalités. C’est à la fois une « bonne chose » pour se confronter au réel, mais « chaque jour, tu dois à un petit moment tourner ton cœur dans une pierre ».
El Hédi
« Si on ne fait rien, on s’expose à des conditions de vie très difficiles »
© Bryapro Photography
A 34 ans, El Hédi est ingénieur-chimiste. Son métier consiste, pour faire simple, à vérifier que les produits chimiques sont bien aux normes pour être transformés et commercialisés en tant que médicaments. Célibataire et sans enfant, il vit depuis 4 ans à Molenbeek à Etangs noirs, un quartier qu’il apprécie pour sa « mixité (…). Quand tu habites là-bas, les gens que tu côtois sont ouverts et sympathiques ». C’est aussi un quartier avec des commerces et bien desservi, une image assez loin des clichés véhiculés par les médias.
Ses parents, originaires de Tunisie, sont venus en Belgique pour raison économique avant sa naissance. Il grandit avec sa famille et sa sœur à Saint-Géry. Ses amis sont belges, africains, chinois, indiens, coréens… un vrai melting-pot. Puis, il déménage dans un logement social près du quartier Dansaert où « l’on apprend à être tolérant ». S’il apprécie vivre à Molenbeek et Bruxelles, il regrette l’insécurité dont souffre la ville aujourd’hui : les fusillades lors des règlements de compte entre les gangs de trafiquants de drogue, les agressions dont celle du policier décédé à Gare du Nord en novembre dernier. « Il y a aussi parfois des actes de vandalisme et des agressions : on agresse les passants à cause de leur(s) origine(s) ou leur(s) conviction(s), on brûle des poubelles, on casse le matériel urbain, etc. ».
D’une nature plutôt réservée, El Hédi n’a pourtant pas hésité à rejoindre l’Assemblée citoyenne pour le climat pour « apporter sa pierre à l’édifice », « conscient des problèmes climatiques de ces dernières années liés à l’industrie et à la mondialisation ». Conscient « mais pas expert » : « il est facile de donner des idées, mais mesurer l’impact, prendre conscience des incertitudes, c’est plus complexe ». Ce processus sera réussi si, à ses yeux, les politiques se saisissent de leurs recommandations.
Son rêve ? Des envies de voyages au Japon, au Canada et en Amérique du Sud pour découvrir les grands espaces en randonnées. Dans 5 ans, il se voit toujours à Bruxelles, avec un jardin et un petit potager tout en côtoyant un univers multiculturel, un quartier avec des commerces de proximité et des transports en commun pour éviter de prendre la voiture. Pas si inatteignable que ça comme rêve non ?
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